L’ouvrage sous vos yeux est l’humble reconstruction d’une histoire réelle qui s’est déroulée il y a environ mille ans. Ce récit, vous le connaissez sans doute sous l’aspect d’une légende, qui vous a été contée tronquée et revisitée sous différents aspects ; le nom le plus fréquemment donné à cette épopée est « L’Enfant du Chaos et la Sorcière des Abysses », ou tout simplement de « L’Enfant et la Sorcière ». Les événements derrière cette histoire se sont déroulés dans ce que l’on appelle aujourd’hui l’Ère Sombre, en raison de la guerre qui ravageait le monde entier à cette époque et qui a entraîné la destruction de très nombreuses archives. Pour écrire le roman historique que vous allez lire, mon travail s’est basé essentiellement sur un recueil de témoignages, contemporain à la légende qui nous intéresse. L’investigateur anonyme derrière ce recueil avait nommé « Le Royaume de la Neige Éternelle » l’ensemble de sa collection. En l’hommage à ce prospecteur du passé, j’ai nommé de façon éponyme le livre que vous tenez entre vos mains, relatant de façon romancée les faits derrière « L’Enfant et la Sorcière ».
Certains se demanderont dans quelles circonstances j’ai pu acquérir ce précieux mémento du passé qu’est « Le Royaume de la Neige Éternelle ». Par ma profession de sombréologue spécialisé dans l’excavation et la traduction de textes anciens, j’ai participé aux récentes expéditions dans les ruines du désert du Kildava, à l’emplacement de l’ancienne cité de Dana. Sous une dalle, dans une salle que nous estimons pour le moment avoir été une chambre de noble, nous avons trouvé une boîte scellée par de puissants sceaux, d’une nature trop altérée pour pouvoir être identifiée avec certitude. Ceux-ci, estimons-nous, avaient pour rôle de faire barrière au temps et aux intempéries afin que son contenu soit transmis aux futures générations en bon état. Nous avons appliqué le protocole habituel d’alchimie pour rompre les sceaux et accéder au contenu sans risque de l’abîmer, les analyses non invasives ayant déjà confirmé qu’il s’agissait d’un livre. Par la suite, d’autres chercheurs ont pu attester de son authenticité et estimer la date de sa rédaction par rapport à notre calendrier (en 30 ± 5 ans post-ES), à l’aide de la méthode de trame particulaire. La version originale de ce recueil est actuellement en cours de copie et d’archivage dans nos bibliothèques et des traductions ne sauraient tarder à être mises sur le marché pour le grand public.
J’ai comblé les vides des témoignages de l’Ère Sombre en croisant d’autres sources que je ne citerai pas en détail dans ce livre, mais que vous pourrez retrouver dans mes articles académiques publiés dans l’Almagitechnoscium au Service de l’Ère Sombre (ASES). Au cours de l’aventure qu’a été la reconstitution de cette histoire, j’ai entamé, avec mon équipe, un voyage sur les différents sites du récit en espérant mettre la main sur d’autres vestiges et d’autres textes. Si aucun document profondément révélateur n’a été découvert lors de ce long parcours – qui a duré plusieurs années – j’ai néanmoins pu découvrir d’autres reliquats et artefacts contemporains aux protagonistes réels de la légende. Ceux-ci ont été analysés pour en extraire toute la connaissance possible, y compris en appliquant une méthode novatrice permettant de détourner la divination en projections du passé, au contact d’un objet ancien[1].
L’ensemble de ces investigations ont mené à ce qui, je l’espère, constituera pour vous un fantastique voyage dans le temps et l’espace, aussi divertissant qu’instructif.
Je terminerai en attirant votre attention sur les notes de pied de page que vous trouverez tout au long du récit afin de vous accompagner dans votre compréhension des coutumes passées ou lointaines selon votre origine. À noter les raccourcis suivants pour décrire l’origine d’un mot :
(dan.) pour danéen, (cor.) pour corentien, (alc.) pour alcalinois, (bal.) pour balariam, (gan.) pour ganec, (holm.) pour holmenois, (dangl.) pour danglois, (bou.) pour boustislantis.
En vous souhaitant un bon voyage,
Votre très humble serviteur, le professeur et sourcier Mustafa-Lam Preda,
Treizième jour de la Dune Bleue, 958 post-ES à l’Académie d’Ismobiel
[1] Voir Preda, M-L et Eddine, S-E. (955 post-ES). La technique de la divination inversée : un outil puissant pour exploiter les vestiges de notre passé. Journal des Nouvelles Méthodes de Sombréologie, vol. 60, p. 72-77.
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